Taux imposition entreprise
By Émile Audet
June 5, 2025

Taux d'imposition des entreprises au Québec 2025 : guide complet de la fiscalité des PME et crédits d'impôt

Le paysage fiscal québécois est en constante évolution, et comprendre les taux d'imposition des entreprises ainsi que les crédits d'impôt disponibles est essentiel pour toute organisation, de la petite et moyenne entreprise (PME) innovante à la grande société. L'année 2025 apporte son lot de précisions et de réorientations stratégiques, notamment suite aux annonces budgétaires récentes. Cet article vise à démystifier la fiscalité des sociétés au Québec, en détaillant les taux d'imposition fédéral et provincial, les conditions d'admissibilité aux taux réduits pour les PME, les avantages de l'incorporation, et les principaux crédits d'impôt qui peuvent transformer une charge fiscale en une opportunité d'optimisation.

L'analyse explorera comment le gouvernement québécois ajuste son régime fiscal pour stimuler l'économie et l'innovation, offrant ainsi aux acteurs économiques les clés pour une planification fiscale proactive et efficace. La maîtrise de l'impôt entreprise Québec 2025 est un impératif stratégique pour assurer la croissance et la compétitivité des organisations opérant sur le territoire.

I. Comprendre les taux d'imposition des sociétés au Québec en 2025

La fiscalité des entreprises au Québec est une combinaison complexe de règles fédérales et provinciales. Pour 2025, il est crucial de distinguer les différents taux applicables en fonction du type de revenu et de la taille de l'entreprise.

A. Le cadre général : taux fédéral et provincial combiné

Les sociétés au Canada sont assujetties à l'impôt sur le revenu à deux niveaux : fédéral et provincial. Pour 2025, le taux général d'imposition fédéral demeure à 15 % sur le revenu imposable. Au Québec, le taux général d'imposition provincial est de 11,5 %. La combinaison de ces deux taux établit le taux combiné fédéral-provincial pour le revenu général des sociétés au Québec à 26,5 % (15 % + 11,5 %) pour l'année fiscale 2025. Il est important de noter que le budget 2025-2026 ne prévoit aucune modification à ces taux généraux.

La stabilité des taux d'imposition des sociétés, qu'il s'agisse du taux général ou du taux des petites entreprises, est une information fondamentale pour la planification fiscale. Cette constance, confirmée par plusieurs sources, contraste avec les changements significatifs apportés aux crédits d'impôt, notamment l'introduction du Crédit d'Impôt pour la Recherche, l'Innovation et la Commercialisation (CRIC) et l'abolition de plusieurs crédits de R&D. Cette divergence dans la politique fiscale indique une stratégie délibérée du gouvernement. Il semble privilégier une prévisibilité des taux d'imposition fondamentaux pour favoriser un environnement d'affaires stable. Parallèlement, il utilise les incitatifs ciblés, tels que les crédits d'impôt, comme des outils dynamiques pour orienter les investissements vers des secteurs stratégiques spécifiques, comme l'innovation, l'intelligence artificielle et les minéraux critiques. Cette approche vise à optimiser l'efficacité des dépenses fiscales. Pour les entreprises, cela signifie que, bien que leur charge fiscale de base soit prévisible, leurs opportunités d'optimisation dépendront de plus en plus de leur capacité à aligner leurs activités sur ces priorités gouvernementales en constante évolution. Une vigilance continue concernant l'admissibilité aux crédits d'impôt et les mises à jour des politiques est donc essentielle.

Le tableau suivant offre une vue d'ensemble des taux d'imposition des sociétés au Québec pour 2025, incluant les taux provinciaux et les taux combinés fédéral-provincial, en distinguant les différentes catégories de revenus.

Tableau 1: Taux d'imposition des sociétés au Québec (fédéral et provincial combinés) pour 2025

Catégorie de Revenu

Taux Provincial (Québec)

Taux Fédéral

Taux Combiné Fédéral-Provincial

Revenu Général

11,5 %

15 %

26,5 %

Revenu des Petites Entreprises (admissible à la DAPE)

3,2 %

9 %

12,2 %

Revenu de Traitement et Fabrication (non DAPE)

11,5 %

15 %

26,5 %

Revenu de Placement

11,5 %

38,67 %

50,17 %

B. Le taux réduit pour les petites et moyennes entreprises (PME) au Québec

Le Québec offre un taux d'imposition considérablement réduit pour les PME admissibles, une mesure visant à stimuler leur croissance et leur compétitivité. Pour 2025, le taux provincial réduit pour les petites entreprises est de 3,2 %. Combiné au taux fédéral réduit de 9 %, cela porte le taux combiné pour les PME à 12,2 %. Ce taux préférentiel est un avantage fiscal majeur pour les petites entreprises incorporées au Québec.

Conditions d'admissibilité au taux réduit PME Québec

Pour bénéficier de ce taux réduit, les PME doivent répondre à des critères spécifiques :

  • Plafond des affaires :

    Le plafond fédéral et provincial pour le revenu admissible à la déduction accordée aux petites entreprises (DAPE) est de 500 000 $. Ce plafond n'a pas été modifié pour 2025.

  • Critère des heures rémunérées :

    Au-delà du plafond de revenu, l'admissibilité au taux réduit maximal dépend également des heures rémunérées des employés. Pour bénéficier du taux réduit maximal, le nombre d'heures rémunérées des employés de la société, incluant, le cas échéant, celles des sociétés associées, doit être égal ou supérieur à 5 500 au cours de l'année d'imposition en cours ou de l'année d'imposition précédente. Si le nombre d'heures rémunérées se situe entre 5 000 et 5 500, le taux réduit est diminué linéairement, devenant nul en dessous de 5 000 heures. Des dispositions spécifiques existent pour les sociétés issues d'une fusion et des ajustements ont été prévus pour la période de la pandémie de COVID-19.

L'existence de la règle des « 5 500 heures rémunérées », en complément du seuil de revenu, constitue un mécanisme politique essentiel. Ce double critère démontre que le gouvernement du Québec souhaite que le traitement fiscal préférentiel accordé aux PME bénéficie principalement aux entreprises qui contribuent de manière significative à l'emploi local et qui maintiennent une présence opérationnelle substantielle dans la province. Cette mesure vise à éviter que des sociétés « coquilles » ou celles ayant une main-d'œuvre locale minimale ne profitent indûment du taux réduit. La réduction linéaire du taux pour les heures situées entre 5 000 et 5 500 illustre une approche nuancée, évitant un effet de seuil abrupt sur les taux d'imposition. Pour les PME, cette règle souligne l'importance de la planification de la main-d'œuvre et d'une tenue de registres méticuleuse des heures des employés. Elle incite à l'emploi direct au Québec et peut influencer les décisions relatives à l'externalisation par rapport à l'embauche interne. Les entreprises doivent gérer activement les heures de leurs employés pour maximiser leur admissibilité au taux d'imposition le plus bas possible.

  • Taux réduit pour les PME des secteurs primaire et manufacturier :

    Il existe un taux réduit spécifique pour les PME des secteurs primaire et manufacturier, qui est de 4,0 % au Québec. Ce taux est également soumis à une réduction linéaire si la proportion des activités de ces secteurs se situe entre 25 % et 50 %.

Le tableau suivant récapitule les conditions clés pour l'application du taux réduit des PME au Québec pour 2025.

Tableau 2: Conditions clés pour le taux réduit PME au Québec (2025)

Critère

Détail

Plafond des Affaires (Revenu Actif Admissible à la DAPE)

500 000 $ (Fédéral et Provincial)

Seuil d'Heures Rémunérées (pour Taux Réduit Maximal)

5 500 heures (pour l'année en cours ou précédente, incluant les sociétés associées)

Réduction Linéaire du Taux

Si heures rémunérées entre 5 000 et 5 500

Taux Provincial PME (Général)

3,2 %

Taux Provincial PME (Secteurs Primaire et Manufacturier)

4,0 %

C. Calcul de l'impôt entreprise Québec : principes fondamentaux

Le calcul de l'impôt sur le revenu des sociétés au Québec débute par le bénéfice net comptable, qui est ensuite ajusté pour déterminer le revenu net aux fins de l'impôt, puis le revenu imposable. Ces ajustements incluent des éléments à ajouter et à retrancher, ainsi que des déductions spécifiques.

Il est essentiel de distinguer le revenu actif, provenant des activités commerciales principales de l'entreprise, du revenu passif, généré par des placements. Cette distinction est cruciale car ces deux types de revenus peuvent être imposés différemment. Le revenu passif, par exemple, est généralement imposé au taux général de 11,5 % au Québec et ne bénéficie pas de la déduction accordée aux petites entreprises, ce qui entraîne des taux combinés plus élevés. Cette différenciation est fondamentale car elle a un impact direct sur le taux d'imposition effectif d'une société, en particulier pour les PME. Si une PME accumule des revenus de placement passifs importants au sein de la société, ceux-ci seront imposés à un taux beaucoup plus élevé que son revenu d'entreprise actif, ce qui pourrait potentiellement réduire l'avantage fiscal global de la structure corporative pour l'accumulation de richesse si elle n'est pas gérée de manière stratégique. Cela implique une planification financière rigoureuse pour les bénéfices non distribués. Les entreprises doivent évaluer les implications fiscales de la détention d'investissements au sein de la société par rapport à la distribution de fonds aux actionnaires pour des investissements personnels, en fonction de leurs objectifs financiers à long terme et de leurs besoins en liquidités. Cette nuance met en lumière que le taux d'imposition des sociétés n'est pas un chiffre monolithique, mais varie considérablement en fonction de la nature du revenu.

Des données de 2020 révèlent que les sociétés imposées au Québec ont déclaré un revenu imposable mondial de 163,592 millions de dollars, avec un impôt total sur le revenu de 18,156 millions de dollars. La proportion des affaires faites au Québec était de 46,9 %, ce qui a conduit à un impôt sur le revenu de 7,393 millions de dollars à payer au Québec. L'analyse de ces données montre qu'en 2020, les grandes entreprises, bien qu'elles ne représentaient que 1,3 % du nombre total de sociétés, ont contribué à 51,2 % de l'impôt sur le revenu des sociétés au Québec, tandis que les petites entreprises (96,2 % des sociétés) ont payé 33,1 %. Cette contribution disproportionnée des grandes entreprises n'est pas seulement due à des revenus absolus plus élevés. Elle s'explique également par le fait que les grandes entreprises ne sont généralement pas admissibles aux taux d'imposition réduits pour les PME, ce qui signifie que l'intégralité de leur revenu d'entreprise actif est imposée au taux général plus élevé. Cette structure illustre la nature progressive du système fiscal des sociétés au Québec, qui accorde un allégement substantiel aux petites entités pour favoriser leur croissance et leur compétitivité. Pour les entreprises en croissance, la compréhension des seuils, tels que la limite de 500 000 $ pour la DAPE et la règle des 5 500 heures rémunérées, est primordiale, car le dépassement de ces seuils peut modifier de manière significative leur taux d'imposition effectif et leurs flux de trésorerie. Cela souligne l'importance d'une planification stratégique à mesure qu'une entreprise prend de l'expansion.

II. Crédits d'impôt disponibles pour les entreprises au Québec : une opportunité d'optimisation fiscale

Au-delà des taux d'imposition, les crédits d'impôt représentent un levier fiscal majeur pour les entreprises québécoises, leur permettant de réduire leur impôt à payer ou même de recevoir un remboursement. Le budget 2025-2026 a apporté des changements significatifs dans ce domaine.

Comment accéder aux crédits d'impôt : étapes clés

L'accès aux crédits d'impôt nécessite une approche méthodique et rigoureuse.

  • Identification :

    La première étape consiste à recenser les programmes pertinents en fonction des activités de l'entreprise (R&D, investissement, embauche, etc.). Il est crucial de bien comprendre la nature des activités de l'entreprise et de les faire correspondre aux objectifs des différents crédits.

  • Vérification des conditions :

    Il est impératif de lire attentivement les critères d'admissibilité pour chaque crédit ciblé. Ces critères peuvent concerner la taille de l'entreprise (par exemple, être une PME sous un certain seuil d'actifs pour avoir droit à un taux bonifié), la nature des dépenses (seules certaines catégories de coûts sont admissibles), la période du projet (certaines mesures sont temporaires ou limitées à des années fiscales précises) et les exigences administratives (par exemple, la nécessité d'une attestation préalable d'un ministère pour bénéficier du crédit design, ou l'agrément du projet avant de réclamer le crédit). Assurez-vous que votre entreprise respecte bien ces conditions avant d'engager les démarches.

  • Documentation rigoureuse :

    Dès le lancement d'un projet admissible, il est essentiel de mettre en place un système de suivi pour accumuler toutes les pièces justificatives. Cela inclut les factures, les contrats, les feuilles de temps des employés, les rapports techniques et tout autre document pouvant appuyer le lien entre la dépense engagée et le crédit d'impôt visé. Par exemple, pour un crédit de R&D, une documentation précise du travail des employés sur les projets (cahiers de laboratoire, rapports techniques) est nécessaire pour démontrer la nature scientifique ou innovante des travaux en cas de vérification. Une tenue de livres rigoureuse et un bon archivage sont fondamentaux pour maximiser les réclamations et résister à d'éventuels contrôles fiscaux.

  • Production des formulaires :

    La demande d'un crédit d'impôt s'effectue généralement en remplissant des formulaires spécifiques à joindre à la déclaration de revenus de l'année visée. Il est crucial de remplir ces formulaires avec soin, en suivant scrupuleusement les instructions des autorités fiscales. Souvent, il est judicieux de faire appel à un comptable ou à un expert fiscal pour s'assurer que la demande est complète et optimisée.

  • Respect des échéances :

    Les crédits d'impôt ont des dates limites de demande strictes. En règle générale, le formulaire de crédit doit être soumis en même temps que la déclaration de revenus annuelle de la société, ou dans les 12 à 18 mois suivant la fin de l'exercice (selon les programmes : par exemple, pour la RS&DE, un délai additionnel de 18 mois après l'année fiscale est accordé). Le non-respect de ces échéances peut entraîner la perte du droit au crédit pour l'année visée.

III. Incorporation et fiscalité au Québec : avantages stratégiques

Le choix de la structure juridique d'une entreprise a des implications fiscales majeures. L'incorporation, c'est-à-dire la constitution en société par actions, offre des avantages fiscaux distincts par rapport à l'entreprise individuelle.

A. Pourquoi incorporer? Les bénéfices fiscaux

L'incorporation présente plusieurs avantages fiscaux stratégiques pour les entrepreneurs au Québec.

  • Taux d'imposition inférieurs :

    L'un des principaux attraits de l'incorporation réside dans le fait que les taux d'imposition des sociétés sont généralement inférieurs à ceux des particuliers. Par exemple, le taux combiné pour les petites entreprises au Québec est de 12,2 %, ce qui est bien en deçà des taux marginaux d'imposition des particuliers qui peuvent atteindre 53,31 % pour les revenus les plus élevés. Cette différence de taux permet à l'entreprise de conserver une plus grande partie de ses bénéfices pour le réinvestissement.

  • Fractionnement des revenus :

    L'incorporation offre la possibilité de fractionner les revenus avec les membres de la famille, ce qui peut réduire l'impôt global du ménage en distribuant les revenus à des personnes ayant des tranches d'imposition inférieures. Cette stratégie doit être mise en œuvre en conformité avec les règles fiscales en vigueur pour éviter les pénalités.

  • Déduction pour gains en capital :

    La vente d'actions de sociétés canadiennes admissibles peut donner droit à une déduction sur les gains en capital, avec un plafond cumulatif à vie significatif (913 630 $ en 2022, indexé annuellement). Cette mesure peut considérablement réduire l'impôt sur les gains en capital lors de la disposition d'une entreprise admissible.

  • Report d'impôt :

    Un avantage fiscal important de l'incorporation est la capacité de reporter l'impôt personnel. En laissant des bénéfices dans la société plutôt que de les retirer immédiatement, les propriétaires peuvent différer le paiement de l'impôt personnel à une date ultérieure, idéalement lorsque leur taux marginal d'imposition est plus bas. Cela permet de réinvestir une plus grande partie des profits bruts dans l'entreprise, favorisant ainsi une croissance accélérée.

Un exemple comparatif illustre que si une entreprise incorporée retire immédiatement tous ses profits sous forme de dividendes, le revenu net après impôts peut être inférieur à celui d'une entreprise individuelle. Cette observation met en lumière le concept de « double imposition » inhérent aux structures corporatives, où les revenus sont d'abord imposés au niveau de la société, puis à nouveau au niveau personnel lors de la distribution. L'avantage fiscal principal de l'incorporation ne réside donc pas nécessairement dans une charge fiscale globale inférieure si tous les bénéfices sont immédiatement distribués, mais plutôt dans la flexibilité qu'elle offre pour le report d'impôt et la planification stratégique. En conservant les bénéfices au sein de la société, une entreprise peut tirer parti du taux d'imposition des sociétés plus faible sur le revenu actif pour le réinvestissement, ce qui permet une croissance plus rapide et un report de l'impôt personnel jusqu'à un moment plus opportun, par exemple, lors de la retraite ou au cours d'une année où le revenu personnel est plus faible. La décision d'incorporer est donc un outil de planification financière stratégique à long terme, et non seulement une mesure d'économie d'impôt immédiate. Elle exige une évaluation minutieuse des besoins en liquidités du propriétaire de l'entreprise, des plans d'investissement futurs et des projections de revenus personnels. Les conseils d'un professionnel de la fiscalité sont essentiels pour optimiser les stratégies de distribution des revenus (salaire ou dividendes) afin de maximiser l'efficacité fiscale globale de la structure corporative.

B. Considérations pratiques de l'incorporation

Au-delà des avantages fiscaux, l'incorporation confère à l'entreprise le statut de « personne morale » distincte de ses propriétaires. Cela offre une protection du patrimoine personnel, en séparant les actifs de l'entreprise des biens personnels des actionnaires. En cas de difficultés financières de l'entreprise, les créanciers ne peuvent généralement pas se tourner vers les biens personnels des propriétaires, sauf en cas de fraude ou de non-respect des obligations.

L'incorporation peut également améliorer la crédibilité de l'entreprise auprès des partenaires commerciaux, des banques et des investisseurs, facilitant l'accès au financement et aux subventions spécifiques aux sociétés par actions. Les institutions financières ont souvent plus confiance dans les entreprises incorporées pour l'octroi de prêts plus importants, et les investisseurs sont rassurés par la structure juridique et la transparence qu'elle implique.

Cependant, l'incorporation entraîne des coûts de démarrage et de fonctionnement plus élevés, notamment des frais juridiques pour la constitution, des frais comptables pour la tenue de livres plus complexe et la préparation des déclarations de revenus des sociétés, ainsi que des frais administratifs annuels. La complexité administrative est également accrue par rapport à une entreprise individuelle, exigeant une gestion plus rigoureuse des obligations légales et fiscales.

IV. Perspectives et tendances de la fiscalité des entreprises au Québec

Le budget 2025-2026 du Québec, intitulé « Pour un Québec fort », souligne une orientation claire vers la stimulation de la création de richesse et le soutien économique.

A. Orientations stratégiques du gouvernement

Le gouvernement du Québec a articulé plusieurs orientations stratégiques pour la fiscalité des entreprises, qui se manifestent dans les mesures annoncées pour 2025 et au-delà.

  • Optimisation de l'aide fiscale :

    Le gouvernement vise à optimiser son aide fiscale en réorientant les mesures vers des activités à haute valeur ajoutée dans l'environnement économique actuel. Cette volonté se traduit par la refonte de crédits d'impôt majeurs, comme le CRIC, et l'abolition de mesures jugées moins pertinentes. La suppression de certains crédits, tels que la déduction pour le transport en commun (moins pertinente avec le télétravail accru) et le crédit de synergie entre entreprises, reflète cette réévaluation. Il ne s'agit pas uniquement de réduire les coûts, mais de s'assurer que chaque dollar de dépense fiscale génère un rendement économique maximal pour le Québec. Cette tendance implique que les entreprises ne peuvent pas compter sur la permanence indéfinie des crédits d'impôt. Elles doivent surveiller activement les annonces budgétaires et les changements de politique fiscale, et être prêtes à adapter leurs stratégies pour tirer parti des incitatifs nouveaux ou réorientés. Le gouvernement signale qu'il priorisera les secteurs et les activités qui démontrent un potentiel clair d'innovation, de création d'emplois et de croissance économique, en particulier ceux qui s'alignent sur des objectifs sociétaux plus larges comme la transition énergétique (minéraux critiques et stratégiques) et la transformation numérique (intelligence artificielle).

  • Simplification du régime fiscal :

    Des efforts sont déployés pour simplifier le régime fiscal québécois. Un exemple concret est l'uniformisation du taux de la taxe sur les primes d'assurance avec celui de la TVQ à compter du 1er janvier 2027. Cette mesure vise à rationaliser le système fiscal et à réduire la complexité pour les entreprises.

  • Soutien à l'innovation et aux PME :

    Le budget prévoit des investissements significatifs pour accroître la capacité d'innovation (604 millions de dollars) et soutenir le développement des PME, notamment à travers le Plan PME 2025-2028. Ces initiatives visent à renforcer la compétitivité des entreprises québécoises sur la scène nationale et internationale.

B. Impact sur la compétitivité fiscale

Les politiques fiscales ont un impact direct sur la compétitivité d'une juridiction. Des taux marginaux d'imposition élevés peuvent décourager l'investissement et la création d'entreprises, car ils réduisent l'incitation à travailler davantage ou à prendre des risques entrepreneuriaux. Des études ont montré que des taux d'imposition élevés peuvent freiner la croissance économique et entraver les activités des entreprises et l'investissement.

Le Québec, malgré une imposition de l'investissement parfois compétitive, a été critiqué pour une structure fiscale inefficace et une longue liste d'avantages fiscaux spécifiques à certains secteurs. La refonte actuelle des crédits d'impôt pourrait viser à remédier à cette complexité en ciblant mieux les incitatifs. Les rapports gouvernementaux indiquent une croissance économique modérée en 2024 (1,4 %) et une inflation maîtrisée (2,3 %), avec un déficit budgétaire prévu de 8,1 milliards de dollars pour 2024-2025. Ces facteurs macroéconomiques influencent les décisions fiscales et la capacité du gouvernement à offrir des allégements fiscaux ou à maintenir des dépenses fiscales.

Le contexte fiscal pour les entreprises québécoises devient plus dynamique et stratégiquement orienté. Les entreprises qui alignent leurs stratégies de croissance et d'innovation sur les priorités déclarées du gouvernement sont plus susceptibles de bénéficier des incitatifs fiscaux existants ou nouveaux.

Conclusion : maximiser votre avantage fiscal au Québec

La fiscalité des entreprises au Québec pour 2025 se caractérise par la stabilité de ses taux d'imposition fondamentaux et une réorientation stratégique de ses crédits d'impôt. Les PME continuent de bénéficier de taux réduits avantageux, sous réserve de respecter des conditions précises, notamment le critère des heures rémunérées qui lie l'avantage fiscal à la contribution à l'emploi local. L'incorporation demeure un outil puissant d'optimisation fiscale, offrant des opportunités de report d'impôt et de fractionnement des revenus, bien que nécessitant une gestion attentive et une compréhension des implications de la double imposition.

Les récents ajustements budgétaires signalent une volonté claire du gouvernement de simplifier le régime fiscal et de cibler son soutien vers l'innovation, l'intelligence artificielle et le développement des minéraux critiques et stratégiques. Cette approche plus ciblée des dépenses fiscales vise à maximiser l'impact économique des incitatifs. Pour les entreprises, cela signifie qu'une veille fiscale proactive et une planification stratégique sont plus que jamais indispensables pour naviguer dans ce paysage complexe et en tirer le meilleur parti.

Naviguer dans ce paysage fiscal complexe requiert une expertise pointue. Il est fortement recommandé de consulter un professionnel de la fiscalité. Un comptable ou un avocat fiscaliste pourra analyser la situation spécifique de chaque entreprise, aider à comprendre les implications des taux d'imposition, à identifier les crédits d'impôt pertinents, à optimiser la structure corporative et à assurer une conformité fiscale irréprochable. En agissant de manière éclairée et en s'appuyant sur des conseils d'experts, les entreprises pourront non seulement respecter leurs obligations, mais aussi transformer la fiscalité en un véritable levier de croissance et de compétitivité au Québec.

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Émile Audet

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Travaillant chez helloDarwin depuis quelques temps, je suis en charge de vous fournir les informations nécessaires sur l'aide gouvernementale. Dédié à aider les entreprises du Québec et du Canada à atteindre leur plein potentiel, j'écris sur le blogue d'helloDarwin à propos des différents programmes, allocations et du financement disponible pour permettre aux organisations d'effectuer leur transformation numérique en ayant accès à de l'aide fédérale et provinciale.

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